Il n’y a jamais eu AUCUNE raison d’enfermer un vieillard dans sa chambre sans visites, ni contact avec ses « codétenus », sans sortie dans le jardin …
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Voici ce témoignage reçu d’un proche d’un résident EHPAD, accrochez-vous …
Je suis Marie
De nombreux mois maintenant
Que je vis dans cette résidence
Où le temps passe lentement
Entre le vide et le silence
Trois ans passés déjà qu’on m’y a remisée
Dans cet endroit nouveau qu’on appelle foyer
Trois longues, pénibles et monotones années
Passées loin de chez moi, perdue, déracinée
Les jours pareils, je les regarde passer
Par ma fenêtre, je vois le vent souffler
Le soleil tant aimé ne me réchauffe même plus
Derrière ces murs livides, tout n’est que superflu
Mes journées sont longues, ennuyeuses à pleurer
Pas de lecture, de jeux, juste un écran télé
Que je regarde d’un œil sans même m’intéresser
Quand je patiente assise entre déjeuner et dîner
Et puis il y a ces jours un petit peu animés
Quand j’aperçois la bouille de l’un d’mes bien-aimés
Mon regard est tout de suite rallumé, éclairé
Et sur mes lèvres soudain un sourire est posé
Il y a mes enfants fidèles et réguliers
Et les petits-enfants un peu plus espacés
Tous ces moments précieux me réchauffent le cœur
Dans cet endroit bien glauque envahi de froideur
Les accolades et les petits baisers
Font de ces visites moments privilégiés
Et même si là-haut, du mal à me rappeler
Mes familiers se lassent jamais de répéter
Puis un jour, les voilà se présentant masqués
Leur beau sourire d’un tissu habillé
Plus que nos yeux pour quelques émotions
Quand leurs visages avaient avant tant d’expressions
Je n’ai jamais compris pourquoi cette mascarade
Enfermée seule ici hors de cette parade
Pourquoi mes proches ne veulent plus m’embrasser
Quand mes années commencent pourtant à s’décompter
Mais qu’ont-ils donc tous bien pu faire
De mon monde où il faisait bon vivre
Est-ce vraiment à ce point devenu un enfer
Où plus personne n’a de chance de survivre
Alors on m’a parlé d’un très méchant virus
Tueur impitoyable, contagieux et bien plus
Qu’il s’attaquait à tous et spécialement au vieux
Que c’était en prison que je serai le mieux
Puis les visites fréquentes sont devenues bien rares
Mes enfants mes chéris m’avaient-ils oubliée
Plus le bruit de leurs pas arrivant dans l’couloir
Et cette porte verte désespérément fermée
Et c’est bien une prison que l’on m’a imposée
Avec interdiction de voir mes bien-aimés
Avec même privation de toute liberté
Quand nos repas de groupe nous sont même retirés
Enfermée dans cette chambre à longueur de journée
Quelle était donc ma faute pour y être condamnée
Exemplaire toute ma vie désormais en prison
Même la moindre visite se heurtait à un non !
Et sans le moindre mot de mes geôliers en blouse
Je ne savais même pas qu’ils refoulaient mes proches
Les jours si longs sans eux me refilaient le blues
Et dans ma tête en boucle, les idées les plus moches
Puis vint l’heure du parloir à des heures encadrées
Derrière ces murs de verre comme en maison d’arrêt
Pourquoi ne plus pouvoir toucher mes fils mes filles
Quand c’est tout ce qu’il reste d’une vie qui s’effile
Mais qu’y avait-il donc à redouter comme ça
Était-ce l’hécatombe narrée dans les médias
Même mon écran monotone ne parlait que de ça
Des chiffres en tous sens et des morts à tout va
Je ne comprenais plus ce qu’il s’passait dehors
Pourquoi vivre recluse abandonnée de tous
Qu’avais-je donc commis pour mériter tel sort
Pour finir ma vie, bannie que l’on repousse
Et puis on m’a piquée à multiples reprises
Pour mon bien parait-il, pour ma santé fragile
J’ai subi tout ce cirque sans aucune maîtrise
Avec l’accord éclairé de mes enfants serviles
Les vieux comme cobayes, c’est tellement plus pratique
Même si dans nos entrailles, ça semble si sadique
Pourquoi n’pas nous laisser finir nos vies en paix
N’avons rien demandé sauf dignité, respect
Et puis les jours passant, mon souffle devenu court
Mes jambes lourdes maintenant, serrées dans mes collants
Mes forces disparaissant, plus faible de jour en jour
C’était bien leur poison qui me tuait lentement
J’ai continué ainsi sans la moindre complainte
À l’image de ma vie, femme discrète et simple
Mais jusqu’à l’épuisement, l’inéluctable malaise
Quand la mort vous attire au bord de la falaise
Je ne me relèverai pas de ce terrible coup
Embolie pulmonaire, ma vie ne vaut plus rien
Je vais finir mes jours, épuisée, presque à bout
Aujourd’hui plus qu’hier, dépérir vers la fin
On me dit qu’aujourd’hui pour me rendre visite
Il faut être classé comme aux heures les plus sombres
Mais moi j’en connais un qui quand l’Histoire hésite
Ne cédera jamais à une nation qui sombre
Mais qui sont donc ces gens pour me priver de lui
Que sont devenues nos lois dans une telle folie
Faudra-t-il sortir d’ici les 2 pieds en avant
Pour qu’il puisse à nouveau me serrer tendrement
On m’a privée des sourires en cette fin de vie
De la chaleur des miens en cette fin d’chemin
Des bisous, des câlins, d’la famille, des amis
Quand chaque heure qui passe menace le lendemain
Moi qui croyais en dieu, je ne crois plus personne
De ces sombres années, je veux que mon glas sonne
Je n’ai donc plus la force de continuer ici
N’importe où mais ailleurs, sera le paradis
C’est donc ainsi ici que l’on chérit nos aïeux
Avec tant de mépris, parfois même sans adieux
J’avais rêvé finir, entourée par les miens
Non pas au cri d’Je suis Marie[1], détruite de chagrin…
Nicolas Bonnal nous fait découvrir Bernays, un homme qui aimait rester dans les coulisses, comme Jean Monnet, mais, comme ce dernier, ne résista pas à raconter comment il avait mis en place une "machine" devant emmener les peuples là où ils ne voulaient.
Edouard Bernays est un expert en contrôle mental et en conditionnement de masse. C’est un neveu viennois de Freud, et comme son oncle un lecteur de Gustave Le Bon. Il émigre aux États-Unis, sans se préoccuper de ce qui va se passer à Vienne… Journaliste (dont le seul vrai rôle est de créer une opinion, de l’in-former au sens littéral), il travaille avec le président Wilson au Committee on Public Information, au cours de la première Guerre Mondiale. Dans les années Vingt, il applique à la marchandise et à la politique les leçons de la guerre et du conditionnement de masse ; c’est l’époque du spectaculaire diffus, comme dit Debord. A la fin de cette fascinante et marrante décennie, qui voit se conforter la société de consommation, le KKK en Amérique, le fascisme et le bolchévisme en Europe, le surréalisme et le radicalisme en France, qui voit progresser la radio, la presse illustrée et le cinéma, Bernays publie un très bon livre intitulé Propagande (la première congrégation de propagande vient de l’Eglise catholique, créée par Grégoire XV en 1622) où le plus normalement et le plus cyniquement du monde il dévoile ce qu’est la démocratie américaine moderne : un simple système de contrôle des foules à l’aide de moyens perfectionnés et primaires à la fois ; et une oligarchie, une cryptocratie plutôt où le sort de beaucoup d’hommes, pour prendre une formule célèbre, dépend d’un tout petit nombre de technocrates et de faiseurs d’opinion. C’est Bernays qui a imposé la cigarette en public pour les femmes ou le bacon and eggs sau petit déjeuner par exemple : dix ans plus tard les hygiénistes nazis, aussi forts que lui en propagande (et pour cause, ils le lisaient) interdisent aux femmes de fumer pour raisons de santé. Au cours de la seconde guerre mondiale il travaille avec une autre cheville ouvrière d’importance, Walter Lippmann.
Dans Fashion, Catherine Dauriac – en collaboration avec Isabelle Brokman – expose ainsi les nombreux faits et chiffres vérifiés qui jonchent de honte le secteur de la mode dans le plus grand des silences. Car pendant que nous faisons la sourde oreille, que le sujet nous paraît trop anxiogène, et qu’acheter avec insouciance nous semble plus confortable, l’industrie qui fabrique nos vêtements jetables continue de semer l’horreur, en maltraitant notamment des vies humaines et non-humaines, des étendues de terre, des cours d’eau, l’air, la biodiversité,…
« Notre civilisation est addict à la mode, encore plus qu’au sucre.
Nous achetons de plus en plus de vêtements. Nos armoires débordent, alors que nous ne portons qu’un tiers de notre vestiaire. Nous sommes affamé·es de nouveauté, de style, de fringues.
Sur l’internet, nous n’avons jamais autant commandé. »