Sainte-Camelle (Ariège)
Une fois la bruine dissipée, ils sont arrivés au compte-gouttes. En van, à pied, en train… Près de 600 festivaliers ont peu à peu investi l’écovillage de Sainte-Camelle, dans l’Ariège, et ses vallons peuplés de moutons. Du 21 au 25 août s’y déroule le Festival Oasis, le grand rassemblement annuel des écolieux — ces espaces où l’on essaie d’inventer un monde alternatif.
Environ 1 400 de ces hameaux, villages, habitats partagés... rassemblant plus de 12 000 personnes sont répartis dans toute la France. Réunis au sein de la coopérative Oasis, qui organise le festival, l’écrasante majorité d’entre eux, 95 % selon la coopérative, ont investi des territoires ruraux. Soit des zones submergées par une vague brune lors des derniers rendez-vous électoraux.
Surpris par la déferlante du Rassemblement national, ces écolieux n’échappent pas à l’atmosphère politique. Alors pour cette édition, l’envie de politiser un peu plus le mouvement figure au menu. « Au-delà d’être le grand rassemblement annuel des écovillages français, ce festival a un petit goût d’université d’été, plus politisée, car évidemment, vivre en écolieu est éminemment politique », assure Nora Guelton, responsable de la communication de la coopérative. « 1 400 écolieux, c’est 1 400 singularités, mais aussi un ensemble prometteur qui incarne des utopies concrètes », s’amuse Patrick Viveret, philosophe, qui a participé à la table ronde inaugurale du 21 août consacrée aux effets des écolieux sur la société.
Nouvelle façon de vivre
C’est entendu, les Oasis inventent une nouvelle façon de vivre, plus écologique, plus joyeuse, un peu en marge mais pleine d’allant. Économie, inclusivité, mobilités, gouvernance, mutualisation... Ces sujets vibrent au cœur du quotidien de leurs habitants. Car ces lieux ont l’ambition de s’extraire des pouvoirs centralisés de la France jacobine tout en cherchant à créer des organisations humaines où le pouvoir est remis au pot, ou plus exactement mieux partagé. Ces archipels où l’on vit plus sobrement (voir encadré) incarnent à merveille ce « vivre-ensemble » que les partis politiques érigent en modèle sans réussir à rabibocher la société, sauf, peut-être, pendant les Jeux olympiques.
Loin d’être repliés sur eux-mêmes, en vase clos, dans le doux périmètre de leur domaine, les habitants de ces espaces s’engagent dans leur territoire, créent d’innombrables initiatives citoyennes qui tricotent le lien social (tiers-lieu, fêtes...). C’est le cas — entre autres — de l’oasis Du Coq à l’âme, un lieu gigantesque de 26 hectares en Charente, qui réunit vingt foyers (environ trente adultes et quinze enfants). Il a reçu un accueil plutôt favorable de la part des élus et de la population. Il faut dire qu’il se consacre à réinvestir 7 000 m2 de bâti et veut s’inscrire durablement dans la transformation de son territoire.
L’importance d’occuper l’espace politique
« Nous entrons dans bon nombre de dispositifs existants : fabrique des territoires, petites villes de demain, écoquartier, ferme pédagogique… Nous souhaitons faire de l’accueil, tenir un café associatif, monter un repair café, un fablab… » déroule Danièle Bacheré, l’instigatrice du Coq à l’âme. L’autre particularité de ce lieu est de s’être adossé à des chercheurs en sciences sociales, énergie, fertilité des sols, écoconstruction… et de devenir un laboratoire « pour de vrai ». « On intrigue, on intéresse et on nous demande d’apporter des forces vives, mais cela revient aussi, parfois, à devenir des prestataires au lieu de réfléchir avec les élus au devenir du territoire. »
Parler frontalement de politique s’apparente à une minirévolution pour ces lieux originellement tournés vers l’écologie, le bien-être ou le développement personnel. Pour Girl go green, aka Camille Chaudron, occuper l’espace politique est non négociable. Cette créatrice de contenus militante, forte de 128 000 abonnés, estime qu’il est temps de déplacer la fenêtre d’Overton du côté des alternatives comme les écolieux.
« C’est même de notre responsabilité, assure-t-elle, car en devenant plus inspirants, plus désirables, ces lieux attirent encore plus de monde. Les valeurs d’inclusivité, d’écologie y sont essentiels mais ils questionnent aussi notre rapport à l’argent, au temps ou au travail. » À la question : « Faut-il être désirable et instagrammable au risque de perdre sa radicalité ? » Elle répond mille fois oui car « à chaque fois que l’on touche des personnes non convaincues ou concernées, on attire encore plus de monde ».
Laboratoire d’un autre monde
Et puis, 1 400 lieux et 12 000 personnes, c’est loin d’être un raz de marée... « Au-delà de l’aspect concret de la vie en vert, ces espaces ont même une fonction cathartique et/ou soignante : ils prouvent qu’il reste de l’espace pour autre chose, de la couleur et de la beauté, du simple et du lent, du préservé », dit-elle à Reporterre. Les écolieux s’inscrivent peut-être moins dans les luttes et les résistances à des projets inutiles mais ils se positionnent aussi comme laboratoires d’un « autre monde possible ». Et pour certaines et certains comme bases arrière ou zones de repli.
« L’entrée en résistance » revient souvent dans la bouche des festivaliers. Et pour beaucoup, vivre dans ces « utopies concrètes » constitue déjà un acte de résistance. « Il y a de l’insoutenable, alors forcément, il y a de la résistance, balance Patrick Viveret en introduisant son trépied du REV taillé sur mesure pour les écolieux : « D’abord, R comme résistance créatrice, ces lieux inventent une façon d’être en résistance et pas forcément uniquement en révolte. E comme expérimentation anticipatrice, car on y essaie d’autres façons de faire qui aideront peut-être à mieux traverser les crises. Le V apporte la vision transformatrice tant utile à l’invention d’alternatives. » Et de pointer que l’émergence de noms tels que ceux de Lucie Castets, Huguette Bello ou Laurence Tubiana au sein du Nouveau Front populaire s’apparente déjà à une innovation démocratique : l’élection sans candidat, une forme prisée de désignation des personnes-ressources dans les oasis. « Ces femmes n’étaient candidates à rien mais leurs noms ont émergé. C’est nouveau et cela mérite d’être multiplié. »
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En effectuant ces démarches administratives vous permettriez à la municipalité d'entamer automatiquement une procédure juridique contre vous.
Xavier Marmier avait procédé de cette façon suite à une demande de la mairie pour sa cabane et il s'est fait piégé, comme l'explique son avocat : https://bit.ly/3fPJSNg
Qui plus est, nous n'avons pas à attendre qu'une mairie nous donne le droit de nous installer sur nos terrains lorsqu'il s'agit d'y vivre dans le respect de la nature; c'est bien ce que propose l'habitat léger.
Pour l'obtention de droits futurs, il faudra lutter collectivement; c'est toujours en mettant la pression sur les institutions que les lois ont pu évoluer en faveur des citoyens.
Et surtout, n’attendons pas que les lois changent pour changer nos lois.
www.desobeissancefertile.com
Des centaines de personnes vivant déjà en oasis ou souhaitant y vivre s’y retrouvent pour partager leurs expériences, leurs réussites, leurs découragements, leurs rêves… C'est aussi l'occasion, pour un plus large public, de découvrir ce mode de vie.
Cette année, le Festival Oasis aura lieu du 23 au 27 août à l’écovillage de Sainte-Camelle (Ariège) et prendra la forme d'une université d'été.
L'objectif sera d'explorer les dimensions politiques, culturelles, sociales et économiques de la vie en écolieu, à travers des témoignages d'habitantes et d'habitants d'écolieux mais aussi de sociologues, philosophes, économistes et artistes à même de répondre à cette question :
Comment les oasis sont-elles des laboratoires pour expérimenter de nouvelles manières de faire société, ensemble ?
Durant cet événement, qui s'adresse à 500 participants, divers formats seront proposés : des conférences, des tables rondes, des ateliers, des mini-formations et des visites et présentations d'Oasis.
Tout ça dans une ambiance festive et familiale !
L’actualité écologiste, c’est aussi la culture. Au programme :
- Les Fées scientifiques
- Les vies autonomes, une enquête poétique
- Carnets de campagne
- Si les hommes avaient leurs règles
- Vivre en terres contaminées
- Je vous écris du front de la Somme
- Santé planétaire
- Cartographier l’Anthropocène
- Vivre autrement
- La voie de la sobriété
- Film et documentaire
En procès le 19 septembre, il sera fixé sur son sort le 3 octobre. Un cas illustrant bien la complexité qui entoure les habitats légers.
Avec ses murs en terre-paille et ses formes arrondies, le logis d’Amalia et Harald ressemble à une maison de hobbit, tout droit sortie d’un film. Nichée dans une ancienne carrière, la maisonnette surplombe un petit coin de paradis où chèvres, oies, poules et chiens cohabitent en liberté. Protégé des animaux par une clôture, un espace est consacré au maraîchage en permaculture. Tomates, courges et butternut : le conte de fées continue dans ce potager, où tout n’est qu’abondance et profusion. « C’est la magie du compost fabriqué aux toilettes sèches ! » plaisante Amalia, en cueillant des tomates juteuses au goût sucré. Pourtant, l’aventure pourrait bientôt s’arrêter.
Le 19 septembre, Harald et Amalia ont été convoqués devant le tribunal correctionnel de Quimper : il leur est reproché d’avoir fait des aménagements sur une zone non constructible sans autorisation de la mairie. Leur maison risque d’être détruite, et leur beau projet abandonné. Sans avocat, et peu préparé aux rouages de la justice, le couple a eu du mal à se faire entendre pendant l’audience : « Ça a été un fiasco total... », témoigne Amalia au téléphone, la voix encore tremblante à la sortie du tribunal. Comment en sont-ils arrivés là ? Pour comprendre, il faut remonter trois ans en arrière.
Toutes les installations de cet éco-lieu sont conçues pour économiser l’eau au maximum, ne pas produire de déchets, se chauffer au bois, utiliser de l’électricité obtenue par des panneaux solaires et un fournisseur d’énergies renouvelables. La flore est laissée à l’état sauvage et les animaux peuvent entrer et sortir librement de l’éco-lieu. Un gîte proche de la nature et respectueux de la planète.
Pascale Nottaris est une femme qui a décidé de créer un gîte proche de la nature et respectueux de l’environnement. Une façon de lutter contre le tourisme de masse en proposant des vacances engagées, et un nouvel écolieu à recenser en France. Près de Saumur, dans la région du Val de Loire, elle a créé le gîte du Bois Davy. Situé en plein milieu de la forêt, cet éco-lieu est s’étale sur 11 hectares. Orienté vers l’éco-tourisme, il propose des logements insolites comme des cabanes dans les arbres ou des couchages sous un toit transparent, des emplacements de camping ainsi que quatre bâtiments principaux où peuvent loger des visiteurs à l’année.
La carte présente plus de 1000 lieux recensés dans une base de donnée interopérable qui est le fruit d'une collaboration entre la Coopérative Oasis et Habitat Participatif France.
Sobriété heureuse. Moins de biens, plus de liens. Comment vivre de manière plus éco-responsable, dans le respect de soi, de l'autre et de la nature ?
Autonomie, éco-construction, école alternative, maraichage en permaculture et/ou agro-écologie, gouvernance partagée, monnaie locale, communication non violente... des initiatives de vie en communauté privilégiant convivialité, entraide et décroissance existent déjà un peu partout en France et dans le monde.
Voici un tour d'horizon des initiatives et terrains d'expérimentation les plus inspirant·e·s.
À travers des ateliers théoriques et pratiques et des rencontres avec des expert·es, cette formation permet de découvrir un nouveau mode de vie alternatif et un autre modèle de société, où les habitant·es partagent des valeurs et des espaces physiques et temporels.