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criminalité et chaleur

ReporterrePourquoi la chaleur augmente le taux de criminalité

Reporterre - 13 août 2024

À mesure que les températures grimpent, les violences et les crimes s’accroissent dans le monde. Une réalité qui touche davantage les personnes les plus vulnérables.

   

Avec la hausse du mercure, les menaces pleuvent et les balles sifflent. Une étude menée par le Dr Vivian Lyons, de l’université de Washington aux États-Unis, révèle qu’entre 2015 et 2020, environ 8 000 fusillades auraient pu être évitées dans 100 grandes villes américaines si les températures n’avaient pas été anormalement élevées. Ce constat n’est pas isolé : une vaste littérature scientifique établit un lien entre les chaleurs extrêmes, dopées par le changement climatique, et les comportements violents.

En 2013, déjà, une analyse de chercheurs des universités de Berkeley et Princeton (États-Unis) montrait qu’à travers le monde, une simple hausse de 1 °C par rapport à la normale saisonnière suffisait pour que le nombre de violences — telles que les violences conjugales, meurtres, viols — augmente de 4 %.

Ces conclusions ont été, depuis, corroborées par des recherches récentes conduites à Los Angeles et Séoul (Corée du Sud), où chaque degré supplémentaire voit les crimes s’intensifier. Une analyse en Espagne a également mis en lumière une corrélation entre températures élevées et l’augmentation des appels à des services d’urgence pour violences domestiques.

L’agressivité augmentée par la chaleur

Deux grandes hypothèses peuvent expliquer cette corrélation. D’un point de vue physiologique, l’exposition à des chaleurs croissantes entraîne une accélération de notre rythme cardiaque, une augmentation de notre pression artérielle et une hausse des niveaux de cortisol — l’hormone du stress.

Ces effets sont susceptibles de rendre les individus plus irritables, altérer le contrôle de soi et les processus décisionnels, et diminuer la tolérance à la frustration. Les difficultés à trouver le sommeil, exacerbées par la chaleur, contribuent également à une détérioration de la santé mentale et une augmentation de l’agressivité.

Sur le plan social, les violences corrélées à la hausse du mercure mettent en évidence l’impréparation de certaines zones aux effets du changement climatique. La plupart des études montrent que le fardeau de la criminalité est encore plus critique dans les quartiers défavorisés. Dans ces zones, la promiscuité dans les logements, souvent dépourvus de climatisation, et le manque d’espaces verts pour respirer, exacerbent les tensions et les frustrations.

À Los Angeles, par exemple, les scientifiques ont observé une augmentation de 2,54 à 4,45 % de la criminalité dans les quartiers où la population vit sous du seuil de pauvreté, lors des fortes chaleurs, contre seulement 0,29 à 1,03 % dans les zones plus aisées.

Ces données soulignent que si la chaleur est un facteur de risque, elle n’est pas le seul déterminant de l’augmentation des violences. Les effets délétères du changement climatique sur les comportements humains sont exacerbés par les inégalités sociales. Ces conséquences, de mieux en mieux documentées, pourraient être largement atténuées avec des politiques de répartition des richesses, l’amélioration de l’isolation des logements et la création d’espaces verts dans les zones urbaines défavorisées.

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