Au sommaire de ce deux cent sixième bulletin :
00:00 – Géopolitique profonde :
00:43 – Durov persiste et signe :
01:30 – G.-H. Soutou : La Grande Rupture :
09:50– Économie :
• Dette souveraine israélienne
• « Punishing Putin »
14:06 – Politico-diplomatique :
• Assassinat de Hassan Nasrallah
• Michoustine à Téhéran
• Rutte vs Russie
• Géorgie : Occident vs Europe
• Inde vs OTAN
• FPÖ über alles
• Varsovie vs Bandera
• Réunification : deux ans déjà
• « Le temps des héros »
25:02 – Empire du mensonge :
• Pas de cessez-le-feu pour Nasrallah
• Guterres : persona non grata
26:32 – Terrorisme :
• Attentat à Energodar
• Kiev : torture et extorsion
29:10 – Considérations militaires générales
• Talion vs charité chrétienne
• Dôme de carton
• Houthis en folie
• Front russe : accélération
36:50 – Carte des opérations militaires
par Pepe Escobar
On pourrait faire valoir que la Nuit de Représailles Balistiques de l’Iran, réponse mesurée aux provocations en série d’Israël, a moins de conséquences sur l’efficacité de l’Axe de la Résistance que la décapitation du commandement du Hezbollah.
Néanmoins, le message a suffi à faire frémir les psychopathologues talmudiques ; malgré leurs dénégations hystériques et leur propagande massive, le Papier Toilette en Fer et le système Arrow ont de facto été rendus inutiles.
Le CGRI a fait savoir que la volée de missiles avait été inaugurée par un seul Fatteh 2 hypersonique qui a détruit le radar du système de défense aérienne Arrow 3, capable d’intercepter les missiles dans l’atmosphère.
Et des sources militaires iraniennes bien informées ont indiqué que des pirates informatiques étaient passés en mode cyberattaque lourde pour perturber le système Dôme de fer juste avant le début de l’opération.
Le Corps des gardiens de la révolution iranienne a finalement confirmé qu’environ 90% des cibles prévues avaient été touchées, ce qui signifie que chaque cible était censée recevoir plusieurs missiles et que certains ont été interceptés.
Les spéculations vont bon train quant au nombre de F-35 et de F-15 détruits ou endommagés sur les deux bases aériennes, dont l’une, Nevatim, dans le Néguev, est devenue littéralement inopérante.
L’entente militaire entre l’Iran et la Russie – dans le cadre de leur partenariat stratégique global qui allait bientôt être signé – était en vigueur. Le CGRI a utilisé le brouilleur électromagnétique russe récemment fourni pour aveugler les systèmes GPS d’Israël-OTAN – notamment ceux des avions américains. C’est ce qui explique le Dôme de fer frappant au loin dans le ciel vide de la nuit.
Présenter les représailles de l’Iran comme un casus belli
Rien de tout cela n’a changé de manière substantielle l’équation de la dissuasion. Israël continue de bombarder le sud de Beyrouth. Le schéma reste le même : chaque fois qu’ils sont touchés, les génocidaires crient de douleur ou pleurnichent comme des bébés agaçants alors même que leur machine à tuer continue de tourner – avec des civils non armés comme cibles privilégiées.
Les bombardements ne s’arrêtent jamais – et ils ne s’arrêteront pas, de la Palestine au Liban et à la Syrie, en passant par l’Asie occidentale, et menant à la «réponse» de la Nuit Balistique de l’Iran.
L’Iran se trouve dans une position géopolitique et militaire extrêmement difficile, sans parler de la situation géoéconomique, toujours sous le coup d’un tsunami de sanctions. Il est évident que les dirigeants de Téhéran sont pleinement conscients du piège tendu par le combo talmudique-sioniste américain, qui veut entraîner l’Iran dans une guerre majeure.
Jake Sullivan, l’un des piliers du combo Biden qui dicte réellement la politique américaine (au nom de leurs sponsors), compte tenu de l’état pathétique du zombie à la Maison-Blanche, l’a pratiquement explicité :
«Nous avons clairement indiqué que cette attaque aurait des conséquences – de graves conséquences – et nous travaillerons avec Israël pour nous en assurer».
Traduction : La Nuit des Représailles est présentée comme un casus belli. Les États-Unis et Israël accusent déjà l’Iran d’être responsable de la méga-guerre qui pourrait éclater au Moyen-Orient.
Cette guerre est le Saint des Saints depuis au moins l’époque du régime Cheney – il y a deux décennies. Et pourtant, Téhéran, s’il le décidait, a déjà ce qu’il faut pour raser Israël. Ils ne le feront pas parce que le prix à payer serait insupportable.
Même si les psychopathes talmudiques et les Sio-cons obtenaient finalement ce qu’ils souhaitent, ce qui est peu probable, cette guerre, après une campagne de bombardements dévastatrice, ne pourrait être gagnée qu’avec l’envoi massif de troupes américaines sur le terrain. Peu importe la manière dont les médias/Think Tankland contrôlés par les zio-cons le présentent, cela n’arrivera pas.
Et la marche de la folie se poursuit sans interruption : le projet sioniste, une étreinte mortelle entre les États-Unis et Israël, contre l’Iran. Mais avec une différence de taille : le soutien de la Russie et, plus loin derrière, de la Chine. Ces trois pays forment la triade clé des BRICS. Ils sont à l’avant-garde de la construction d’un monde multinœudal nouveau et équitable. Et ce n’est pas un hasard s’il se trouve qu’ils sont les trois principales «menaces» existentielles pour l’Empire du Chaos, du Mensonge et du Pillage.
Alors que le projet Ukraine est en train de sombrer dans l’Histoire et que l’«ordre international fondé sur des règles» est définitivement enterré dans la terre noire de Novorossia, le véritable front de la Guerre Unique, la nouvelle incarnation des Guerres Éternelles, est l’Iran.
Parallèlement, Moscou et Pékin réalisent pleinement que plus l’Exceptionalistan s’enlisera au Moyen-Orient, plus ils disposeront d’une marge de manœuvre pour accélérer l’assèchement du Léviathan bancal.
Gaza-sur-le-Litani
Le Hezbollah a du pain sur la planche. Les ressources – en particulier l’approvisionnement en armes et en matériel militaire, via la Syrie et par voie aérienne de l’Iran vers le Liban – deviendront de plus en plus rares. À titre de comparaison, Israël dispose d’une chaîne d’approvisionnement illimitée à partir de l’Exceptionalistan, sans parler des tonnes d’argent.
Les renseignements israéliens sont loin d’être négligeables, puisque des commandos ont pénétré en profondeur et en secret dans le territoire du Hezbollah pour recueillir des informations sur le réseau de fortifications. Lorsqu’ils atteindront les zones peuplées du Sud-Liban – en fait, si ils atteignent -, il s’agira de bombardements démentiels et de tirs d’artillerie lourde contre des zones résidentielles.
Cette opération pourrait bien s’appeler «Gaza-sur-le-Litani». Elle n’aura lieu que si le réseau complexe du Hezbollah au Sud-Liban est démantelé – un «si» considérable.
Malgré toutes ses bonnes intentions, Jeffrey Sachs n’a pas hésité à qualifier les Israéliens de terroristes extrémistes judéo-suprémacistes. La quasi-totalité de la Majorité mondiale en est désormais consciente.
La suite de la planification talmudique-zio-con pourrait notamment inclure un horrible faux drapeau, peut-être après l’élection présidentielle américaine, par exemple sur un navire de l’OTAN ou sur des troupes américaines dans le golfe Persique, afin d’enfermer la nouvelle administration dans la guerre américaine contre l’Iran, prévue de longue date. Dick Cheney aura un orgasme – et crèvera.
Le sommet des BRICS, qui se tiendra à Kazan sous la présidence russe, aura lieu dans moins de trois semaines. En contraste frappant avec les génocides et les guerres en série au Moyen-Orient, Poutine et Xi se tiendront près de la porte – ouverte – au nom des BRICS+, accueillant des dizaines de pays qui fuient l’Occident collectif comme la peste.
La Russie est maintenant pleinement derrière l’Iran – et autant qu’en Ukraine qui bat de l’aile, cela signifie que la Russie est en guerre contre les États-Unis/Israël ; après tout, le Pentagone abat directement les missiles iraniens, alors qu’Israël est l’État prééminent de facto des États-Unis, entièrement, fiscalement soutenu par les contribuables américains.
La situation devient de plus en plus délicate. Immédiatement après une réunion très importante entre Alexander Lavrentiev, l’envoyé spécial de Poutine en Syrie, et Ali Akbar Ahmadian, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l’Iran, Tel-Aviv est entré en pleine démence – quoi d’autre – et a pris pour cible des entrepôts des forces russes en Syrie.
Il y a eu une réponse conjointe de la Russie et de la Syrie en matière de défense aérienne. Ce que cela montre, c’est que les psychopathes talmudiques ne sont pas seulement obsédés par le déchaînement du feu contre l’Axe de la Résistance, mais qu’ils s’en prennent maintenant aussi aux intérêts nationaux russes. Cela peut devenir très moche pour eux en un clin d’œil – et c’est une illustration de plus que le nom du jeu (nouveau et mortel) est États-Unis/Israël contre Russie/Iran.
Ses diatribes sont rythmées par des termes comme « CIA », « État profond », « Nouvel Ordre mondial », « complexe militaro-industriel », « Bilderberg » et autres mots-clés qui attirent l’attention exclusivement sur le rôle joué par les gentils Américains dans la trahison et la destruction de leur propre pays.
L’une des contributions célèbres d’Alex Jones est son documentaire Dark Secrets : Inside Bohemian Grove, réalisé en 2000, qui raconte son opération d’infiltration du Bohemian Grove. Je me propose ici d’analyser de manière critique ce film et sa thèse principale, qui a deux niveaux. D’une part, Jones prétend que le Bohemian Grove serait un des lieux où se trame dans le plus grand secret le projet du Nouvel Ordre mondial, expression qui désigne l’ennemi à combattre chez Jones et ses épigones. D’autre part, Jones prétend qu’au Bohemian Grove se pratique le culte millénaire et satanique du dieu sanguinaire Moloch, impliquant le sacrifice par le feu d’une effigie humaine, et « peut-être » de réels sacrifices humains. Cette thèse a fait le tour du monde et est aujourd’hui très répandue.
Mon analyse du dossier me conduit à conclure que le film de Jones est un grossier coup de bluff, qui aurait dû logiquement le classer définitivement comme un charlatan. La rumeur du satanisme (ou molochisme) du Bohemian Grove (quand ce n’est pas du pédo-satanisme) illustre tout simplement la pente glissante de notre tendance à considérer les super-riches et les super-puissants comme intrinsèquement méchants et pervers, et accepter sans réserve toutes les rumeurs à leur sujet. Plus ces rumeurs sont horribles, plus elles semblent crédibles, et l’on se dispense d’en chercher la moindre preuve.
Je vous invite évidemment à visionner le film pour vous faire votre propre idée (je n’ai pas trouvé de version française). Si vous ne voulez pas y passer une heure et demi, sauter les préparatifs de l’expédition (Jones prend sa voiture, Jones prend une chambre à l’hôtel, etc.), les interviews des locaux qui semblent ne pas comprendre de quoi il parle, son entrée décontractée par la navette du club, et ses errances dans le Grove pour éviter la sécurité, allez directement, à 1 heure environ de la vidéo, à la cérémonie Cremation of Care.
Voici maintenant quelques informations pour mettre un peu de contexte dans tout cela.
Le Bohemian Grove est une propriété de plus de mille hectares située au nord de San Francisco et appartenant au Bohemian Club of San Francisco, qui possède aussi un « clubhouse » de six étages au centre de San Francisco. C’est un cadre naturel réputé magnifique, boisé d’immense séquoias.
Chaque été, en juin puis en juillet, s’y réunissent pendant deux semaines, dans des « campements » aménagés, quelques centaines de membres (les « Bohémiens ») avec leurs invités, pour une retraite dans la nature agrémentée de banquets et de divertissements. C’est le 15 juillet 2000 qu’Alex Jones et son caméraman Mike Hanson s’y sont introduits pour filmer secrètement la cérémonie d’ouverture, nommée The Cremation of Care.
La thèse défendue par Alex Jones repose d’abord sur le caractère extrêmement flou des images filmées en caméra cachée par Hanson (qui empêche de voir que ce que Jones désigne comme « le dieu Moloch » est en fait une chouette), et surtout sur une exagération du « secret » qui entoure le Bohemian Grove.
Signalons pour commencer que les deux compères ont pénétré dans le Grove avec la navette du club, sans avoir eu à prouver leur identité et sans être fouillés, ce qui déjà témoigne du peu de sécurité qui entoure cette réunion.
Jones n’est pas le premier journaliste à s’être introduit par la ruse dans le Bohemian Grove. Philip Weiss l’a fait en 1989, et beaucoup mieux que lui, puisqu’il y est resté plusieurs jours et a pu s’entretenir avec de nombreux invités. Weiss en a tiré un article très intéressant, « Inside Bohemian Grove », publié par le magazine Spy en novembre 1989. Weiss n’a rien vu ni entendu qui puisse laisser penser que des pratiques occultes ou criminelles sont au programme des réjouissances. En terme de rituels, il évoque seulement un goût ludique (« for fun ») pour « le culte druidique des arbres », et le plaisir que semblent éprouver les membres à pisser sur les sycomores : « C’est le rituel le plus valorisé du campement, la liberté qu’ont les hommes puissants de pisser où bon leur semble. »
Loin d’être secrètes, les activités du Bohemian Club sont bien connues et sont décrites dans plusieurs ouvrages sérieux, comme celui du sociologue William Domhoff, Bohemian Grove and Other Retreats : A Study in Ruling-Class Cohesiveness (HarperCollins, 1975), qui décrit le Grove comme une occasion que se donne la classe sociale des hyper-riches de tisser sa cohésion.
La liste des membres et des invités est très facilement consultable.
Fondé en 1872, le club réunissait à ses débuts des journalistes, des intellectuels et des artistes qui aimaient s’y retrouver et pour camper en pleine nature. Mark Twain et Jack London y étaient souvent présents. Le second se trouve à droite sur la photo ci-dessous, prise vers 1905.
Au fil des années, victime de son succès, le club s’est progressivement transformé en country club pour personnalités très riches et influentes. La cotisation coûte environ 25 000 dollars et la liste d’attente est très longue. Ces hommes trouvent là l’occasion de se socialiser de manière décontractée, sans leurs femmes ni leurs maîtresses (quelques prostitués s’installent dans les hôtels de la ville voisine de Monte Rio, où les escapades sont toujours possibles). Dans le Grove, membres et invités sont répartis, par affinité, dans différents campements plus ou moins bien aménagés, chaque camp ayant sa propre identité, son nom, ses traditions, son histoire, et bien sûr son personnel.
Le Bohemian Club n’est pas fait pour parler politique, mais ses membres sont principalement républicains et conservateurs. La retraite au Bohemian Grove garde son caractère traditionnel, ponctuée par différentes représentations théâtrales, écrites spécialement pour l’occasion, souvent accompagnées par un orchestre, et mobilisant sur scène, en tant qu’acteurs ou figurants, de nombreux membres qui se sont préparés pour cela durant toute l’année. Il y a deux grandes représentations générales, et d’autres festivités réparties dans différentes scènes aménagées, ou bien dans les différents campements, chaque campement organisant ses propres festivités, ouvertes à tous. Des professionnels du spectacle sont souvent invités à faire profiter l’assemblée de leurs talents (gracieusement).
Le Grove a conservé de ses origines un certain goût pour les thématiques païennes, mais des légendes chrétiennes ont aussi été jouées.
Comme seuls les hommes sont acceptés dans le club, les rôles féminins sont joués par des hommes, ce qui peut être évidemment très amusant pour certains.
L’une des devises du club est une phrase empruntée au Songe d’une nuit d’été de Shakespeare : « Weaving spiders come not here. » (« Araignées qui tissez, ne venez pas ici. ») Elle enjoint les Bohémiens à mettre de côtés leurs vies professionnelles ou politiques, et d’une manière générale à ne pas trop s’entretenir de sujets sérieux. La retraite se veut un cadre de détente, de distraction et de fraternisation.
Une autre règle, plus stricte, est que tout ce qui est dit au sein du club, et en particulier pendant les retraites au Bohemian Grove, ne doit pas être répété à l’extérieur. C’est évidemment tout l’intérêt de ce genre de réunion, qui permet de se laisser aller, avec éventuellement un verre dans le nez (les cocktails sont servis dès le petit déjeuner pour les amateurs). La presse est strictement tenue à l’écart.
De manière compréhensible, l’idée que des hommes publics puissent discuter en secret suscite la controverse, et, en 1971, la polémique a forcé le président Nixon, un habitué, à renoncer à participer à la retraite du Grove. On le voit ici en 1967, à la même table que Reagan.
La cérémonie d’ouverture, intitulée Cremation of Care, soit « crémation des soucis », est une pièce jouée depuis 1880 (mais plusieurs fois réécrite), dont le texte n’a rien de secret. Elle comporte un cortège auquel participent membres et invités. Dull Care, une expression empruntée à une vieille chanson anglaise (Begone Dull Care), symbolise « les soucis et les malheurs que les hommes importants sont censés supporter dans leur vie quotidienne ». Le temps de la retraite, les Bohémiens sont invités à « jeter leur chagrin au feu et à se fortifier avec les arbres sacrés et l’esprit du Bosquet (Grove) [1] », sachant que le très méchant Care, malheureusement, est immortel et les attend à la sortie. La représentation se fait autour de la « Grande Chouette de Bohême », une statue de douze mètres de haut grossièrement taillée dans la pierre, qui est en quelque sorte le totem du club. C’est à ses pieds qu’est brûlée dans un cercueil l’effigie de Dull Care, par la flamme éternelle de la camaraderie (the Eternal Flame of Fellowship).
On voit bien qu’il y a là une forme de paganisme un peu folklorique, un peu shakespearien dans l’expression, un peu wagnérien par la mise en scène, et surtout un peu désuet. Mais de satanisme, pas le bout de la queue, sauf à qualifier de satanique tout rituel peu catholique.
Je ne vois aucune raison de qualifier la Cremation of Care d’« ancienne cérémonie cananéenne, luciférienne, de la religion à mystères de Babylone », comme l’a fait Alex Jones, ou d’assimiler la Chouette au dieu Moloch. Quant aux sacrifices humains, tout ce que peut finalement dire Jones, c’est qu’« ils ne peuvent être exclus » [2] ; on peut évidemment en dire autant de l’existence des licornes. C’est toujours la même stratégie : propager une rumeur sans preuve, et mettre les sceptiques au défi de prouver qu’elle est fausse.
L’affirmation publiée par Hanson dans son livre Bohemian Grove : Cult of Conspiracy, selon laquelle « les hommes qui se réunissent ici au fond des bois sont impliqués dans une vaste conspiration qui n’a qu’un seul but ultime : la domination mondiale », ou sa suggestion que le Grove est « une sombre conspiration alimentée par le pouvoir et l’adoration d’un ancien et ténébreux dieu hibou », ne sont rien d’autre que des incantations visant à évoquer des images dans l’esprit des croyants [3].
Ma conclusion est donc que je ne sais pas très bien ce qui se passe dans le Bohemian Grove, mais que l’enquête d’Alex Jones n’a apporté aucun indice qu’il s’y passe quoi que ce soit qui ressemble à un culte de Moloch, et encore moins à un sacrifice humain.
Mais je sais par avance que cet article me vaudra d’être accusé de complicité avec les adorateurs de Moloch. Car comme disait ce Bohémien de Mark Twain, il est plus facile de tromper les gens que de les convaincre qu’ils ont été trompés.
Laurent Guyénot
La Commission européenne (autrefois dénommée Haute Autorité) est l’administration non-élue chargée d’imposer leur volonté aux États-membres. Au cours des dernières années, elle est parvenue à élargir les compétences de la Commission au détriment de la souveraineté des États-membres sans changer pour autant quoi que ce soit dans les traités. Suivant cette même ligne, Michel Barnier fait entrer les démocrates états-uniens et la faction fasciste d’Israël au sein du gouvernement français.
En France et dans l’Union européenne, la place et la responsabilité des États sont progressivement remis en cause. Sans qu’aucune modification n’ait été apportée aux Traités européens, de nombreuses compétences des États membres ont été discrètement transférées à la commission européenne au cours des cinq dernières années.
L’origine de la Commission européenne
Rappelons d’abord que l’Union européenne est la résultante d’un processus imaginé par les Anglo-Saxons fin 1942. L’amiral William Leahy, chef d’état-major des armées des États-Unis et ancien ambassadeur à Vichy jusqu’en mai 1942, institua à Alger un Gouvernement militaire allié des territoires occupés (Allied Military Government of Occupied Territories - AMGOT) pour la France, autour de l’amiral François Darlan, puis du général Henri Giraud. Il appliquait les lois de Vichy, mais ne reconnaissait pas l’autorité de Charles De Gaulle à Londres.
Charles De Gaulle, considérant que les Britanniques et les États-uniens n’avaient pas plus de droit que les Nazis d’occuper son pays, s’y était fermement opposé (d’où son opposition au débarquement de Normandie [1]). Aussi ce gouvernement n’a pu être étendu qu’en Allemagne, en Autriche et au Japon, mais pas comme prévu en Norvège, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Belgique, au Danemark et en France.
Au vu de cet échec, les Anglo-Saxons cherchèrent une forme de gouvernance pour pouvoir contrôler l’ensemble du monde, conformément à leur volonté commune exprimée lors de la conférence de l’Atlantique.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et le Royaume-Uni se divisèrent le monde. Churchill imagina de regrouper l’Allemagne de l’Ouest, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas dans une organisation supranationale, la Communauté économique européenne (CEE). Elle devait se substituer à l’AMGOT (qui persistait en Allemagne et en Italie) pour mettre en œuvre le principe de la libre circulation des personnes, des services et des capitaux, conformément à la stratégie anglo-saxonne du libre-échange. Les États-Unis ont lié les prêts du Plan Marshall à l’obligation de ces pays d’entrer dans la CEE.
Le MI6 britannique crée la Ligue européenne de coopération économique (European League for European Cooperation - ELEC), tandis que la CIA finance l’Union européenne des fédéralistes (UEF) et crée le Comité américain pour une Europe unie (American Committee on United Europe - ACUE).
Le premier président de la Haute Autorité de la CEE, c’est-à-dire du prédécesseur de la Commission de l’Union européenne, fut l’Allemand Walter Hallstein (1958-1967). Ce juriste nazi avait conçu le Neuordnung Europas (Nouvel ordre européen) pour le führer Adolf Hitler : il s’agissait de remplacer les États-nations par des structures régionales ethniques, tout en étendant le Reich à l’ensemble des populations de langues allemandes, et en vidant son espace vital de ses populations autochtones. Walter Hallstein n’ayant qu’à gérer une partie de l’Europe pour les Anglo-Saxons, il n’a pas eu à aborder les questions de l’expansion de l’Allemagne ni celle de l’expulsion ou l’extermination des populations slaves. Par précaution les Anglo-Saxons le neutralisèrent en ôtant de ses fonctions la politique de régionalisation qu’ils confièrent au Conseil de l’Europe.
Tout au long de son histoire, la Haute autorité, puis la Commission européenne, ne furent que des interfaces civiles entre d’un côté l’OTAN (qui remplaça l’AMGOT) et les États-membres. Ses premiers fonctionnaires furent issus de l’AMGOT en Allemagne et en Italie. Pendant la guerre, ils avaient été formés aux affaires civilo-militaires dans une dizaine d’universités états-uniennes.
Ces administrations (non-élues) disposent à la place du Parlement européen (élu) du pouvoir d’initier des règles dans l’espace de l’Union. Ce point est extrêmement important : la Haute Autorité, puis la Commission, n’ont d’autre but que de faire entrer toutes les normes de l’OTAN dans les lois des États-membres. Le Parlement européen n’est qu’une chambre d’enregistrement des décisions de l’impérialisme anglo-saxon.
Aujourd’hui, la Commission a imposé aussi bien des normes sur la production de chocolat (qui sont exactement celles préalablement fixées par l’OTAN pour la barre de chocolat de la ration du soldat) que sur la construction de certaines routes (afin de pouvoir y faire passer les chars de l’Alliance).
[...]
Ils n’ont pas touché les combattants, mais la force de police du Hezbollah et les civils au milieu desquels ils sont. Ils posent une question de sécurité beaucoup plus vaste. Immédiatement les gardiens de Révolution iraniens ont stoppé net l’usage de matériels électronique fabriqué en Occident, et pas seulement des outils de communication. Israël est le spécialiste mondial des logiciels espions. Désormais, nous savons qu’ils peuvent non seulement nous écouter à notre insu, mais aussi nous tuer. C’est vrai au Liban et partout dans le monde.
Israël a, comme c’est le cas avec toutes les lois internationales qu’il piétine sans retenue, bafoué la Convention de Genève et le Manuel du droit de la guerre de la défense états-uniene sur l’interdiction des « objets piégés », alors que l’utilisation par Israël d’explosifs électroniques constitue un crime de guerre.
Sans parler de la décapitation des chefs du corps d’élite Radwan du Hezbollah par les bombardements israéliens sur le quartier chiite de Beyrouth, les liens du Mossad avec plusieurs sociétés écrans ont été révélés : la société hongroise BAC Consulting, qui ne compte qu’un seul employé, intermédiaire de la société hongroise Norta Global, intermédiaire de la société israélienne Norta Global, Norta Global de Bulgarie et son patron norvégien en fuite (l’OTAN est-elle donc impliquée ?) Rinson Jose avec Gold Apollo de Taiwan. Ils ont fait exploser des panneaux solaires et des ordinateurs portables, faisant plus de 3 000 blessés et des centaines de morts !
Politico commente que la guerre de l’électronique au Moyen-Orient fait craindre une guerre de la chaîne d’approvisionnement lorsqu’elle « pourrait déclencher la reconnaissance des vulnérabilités auxquelles sont confrontées les entreprises technologiques ayant des activités de fabrication à l’échelle mondiale ». Le Financial Times se réjouit que le Hezbollah ait été battu et affaibli après les coups qu’Israël lui a portés « au cours de sa pire semaine ». The Economist affirme que grâce à sa guerre électronique, Israël a ensanglanté le Hezbollah, mais qu’il est enfermé dans une guerre d’usure où « deux frappes contre la milice chiite ne changeront peut-être pas le dilemme stratégique d’Israël au Liban ». Mounir Rabih de L’Orient Le Jour estime que le Hezbollah encaisse les coups et prépare sa revanche : franchira-t-il le Rubicon alors que « selon des sources diplomatiques concordantes, les Israéliens ont donné quelques jours au parti chiite pour accepter la proposition de solution politique de l’Union européenne » ? 20 jours avant le cybercide, le commandement sud des États-Unis (Southcom), dirigé par le général Laura Richardson, a abordé le sujet brûlant de la cybersécurité lors de sa réunion à Santiago, au Chili, avec des « responsables de la défense sud-américains ».
Le système de cybersécurité mexicain a été détourné par un logiciel que les gouvernements néolibéraux mondialistes ont acheté à Israël - impliquant prétendument Genaro García Luna (emprisonné à New York), Tomás Zerón (réfugié en Israël), Cárdenas Palomino (arrêté pour torture), l’irréprochable Eduardo Margolis Sobol, un agent du Mossad. Le problème le plus grave est que « des cyber-nationaux israéliens espionnent des journalistes et des activistes au Mexique », dont les appareils électroniques peuvent exploser à des fins de vengeance politique.
Il s’avère maintenant que Candiru est « bien plus malveillant que Pegasus », alors que « Demoman et Team Jorge d’Israël sont à l’origine d’une cyberdésinformation dans 33 (sic) pays (dont le Mexique) ». Qui protégera les citoyens mexicains des représailles électroniques d’Israël et de ses alliés sayanim ? Le solipsisme israélien en matière de guerre électronique a déjà commencé à produire son effet boomerang, les pays du Moyen-Orient demandant d’urgence des appareils fabriqués en Chine (et non à Taïwan !).
Le deuxième jour du cybercide du Mossad au Liban a éclipsé la résolution non contraignante de l’Assemblée générale de l’ONU pour le retrait d’Israël des territoires palestiniens occupés dans un délai maximum de 12 mois. Voyons ce qu’il restera de l’ancienne Palestine et du Sud-Liban dans les 12 prochains mois, lorsque Netanyahou aura carte blanche des Démocrates et des Républicains des États-Unis. Aujourd’hui, il n’existe aucun endroit sûr sur la planète où des pays naïfs manquant d’autosuffisance en matière de cybersécurité utilisent les logiciels d’Israël et son savoir-faire à double tranchant qui peut être transformé en cheval de Troie électronique.
ous me direz : mais quel est le rapport avec la guerre en Ukraine ? Il est direct. Comme la Russie ne s'est pas effondrée suite aux sanctions, qu'elle n'est pas isolée sur la scène internationale et qu'une victoire militaire rapide contre elle est désormais inenvisageable, alors il faut réinvestir le territoire perdu du soft power atlantiste. Et le FMI est très doué pour détruire les pays de l'intérieur et faire ainsi tomber les élites dirigeantes nationales, il a une longue expérience en la matière.
Le FMI a annoncé que la situation économique en Russie s'étant stabilisée, il y a un sens à reprendre les consultations, tant on-line qu'en se déplaçant dans le pays. Dès aujourd'hui, le soft power atlantiste se réactive à distance, mais une visite est déjà prévue pour le 1er octobre. Les médias n'ont pas pu préciser un aspect important de cette étrange nouvelle : qui de la Russie ou du FMI est à l'origine de cette initiative, pour le moins surprenante à la troisième année de guerre conduite par l'Axe atlantiste, dont le FMI est un instrument, contre la Russie ?
Il semblerait, selon le discours officiel, que cela soit une obligation découlant du 4 art. du statut de cette organisation, obligation pour les deux parties. Le formalisme, rien de tel. Surtout qu'il est toujours d'interpréter les textes selon les besoins du moment et de se couvrir ainsi derrière une fausse objectivité.
« L'article 4 [implique] non pas un choix, mais une obligation institutionnelle du Fond, qui est exécutée dans l'intérêt de tous les membres », a déclaré l'organisation.
« Nous pensons que nous sommes désormais dans une situation, où nous pouvons mener une analyse économique [dans la Fédération de Russie] », a déclaré Alfred Kammer, directeur du département européen du FMI, à Bloomberg.
Selon Julie Kozack, la porte-parole officielle du FMI, la situation économique russe s'étant stabilisée, le FMI se doit de réintervenir et la Russie de s'exécuter :
"Tous nos pays membres ont l'obligation mutuelle de se consulter conformément à l'article 4", a-t-elle déclaré. Kozack a ajouté que cela est précisé dans les articles de l'accord, mais qu'après le début de l'OMS en 2022, « la situation économique [dans la Fédération de Russie] était extrêmement instable, ce qui a rendu difficile la conduite de consultations sur l'article 4, en particulier concernant les perspectives et le cadre politique à la fois dans l'immédiat et à moyen terme. "Maintenant que la situation économique est plus stable, les consultations avec la Russie sur l'article 4 reprennent"
Non seulement la situation économique s'est stabilisée en Russie, mais les prévisions de croissance sont revues à la hausse, comme cela fut publié en avril par le FMI. Evidemment, il faut faire quelque chose, cela ne peut pas durer ...
Le Fonds monétaire international (FMI) a révisé mardi à la hausse ses prévisions de croissance pour la Russie en 2024, anticipant désormais une hausse du PIB de 3,2%, mieux que les 2,6% prévus jusque-là, sur fond de résilience de l'économie tirée par l'explosion des commandes militaires.
En passant, le FMI continuait bien le monitoring de la situation économique en Russie. Mais n'ayant plus de contacts directs avec les responsables russes, il ne pouvait plus influencer la politique économique du pays. Et c'est bien ici que le bât blesse.
Le signal de la réactivation du FMI à l'égard de la Russie a été donné par le Département des finances américain, qui "ne s'y est pas opposé" tant que la Russie ne perçoit pas d'aide financière de cette institution. De toute manière, la Russie ne demande plus d'aide du FMI depuis l'année 2000. Pour la forme, neuf pays européens s'y sont opposés.
Manifestement, ni eux, ni les médias français ne sont au courant des motivations avancées par le FMI : ils n'ont certainement pas compris que l'interruption était "technique", comme le prétend sans sourciller cette institution, dont la liste des dégâts commis dans les pays en difficulté est particulièrement longue.
Comme on peut le lire :
Neuf pays européens ont protesté vendredi contre le projet du Fonds monétaire international de reprendre ses missions en Russie, estimant qu'il serait préjudiciable à la réputation du Fonds de renouer le dialogue avec un pays qui en a envahi un autre. (...) "Nous souhaitons exprimer notre profond mécontentement à l'égard de ces projets du FMI", ont déclaré les ministres des finances de Lituanie, Lettonie, Estonie, Finlande, Suède, Islande, Danemark, Norvège et Pologne dans une lettre adressée à la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, dont Reuters a pris connaissance.
Et d'insister :
"Quelles recommandations le FMI souhaite-t-il donner à la Russie à l'issue de la consultation ? Comment mieux gérer une économie de guerre ?", a déclaré un haut fonctionnaire de la zone euro.
En effet, quelles recommandations peut bien donner le FMI ? Bonne question.
Le FMI est une institution idéologiquement marquée, issue et portant le monde global atlantiste néolibéral. Ces pays n'ont pas compris, ou font semblant de ne pas comprendre, le jeu qui se joue. La Russie ne s'étant pas effondrée, il faut l'y aider. Et pour cela, les instances internationales devenues globales comptent sur l'aide précieuse et indéfectible à ce jour de cette partie des élites russes, qui leur est dévouée.
A la troisième année de guerre, il est surprenant de voir la Russie jouer à ce jeu-là et n'avoir toujours pas le courage de sortir des institutions, qui soutiennent son ennemi. Celui, qui fournit le front ukrainien en chars ou avions, en armes et missiles, en hommes, qui tirent sur la terre russe, sur ces hommes, qui ne veulent pas vivre selon les normes globalistes.
Certains manifestement espèrent toujours trouver la justice, dans un absolu fantasmé et infantile, en ces instances délétères. C'est un jeu, qui peut coûter très cher au pays - et à ces élites. Comme l'écrivait Cioran dans Histoire et Utopie :
"L'homme escomptera toujours l'avènement de la justice ; pour qu'elle triomphe, il renoncera à la liberté, qu'il regrettera ensuite."
Karine Bechet-Golovko
La presse internationale a présenté consciemment une version totalement fausse des évènements afin de discréditer le président Nicolás Maduro et de soutenir son principal challenger, Edmundo González.
La réélection contestée du président Nicolás Maduro n’a pas grand rapport avec le résultat sorti des urnes. En réalité, les straussiens (c’est-à-dire les disciples de Leo Strauss dont la pensée a été popularisée par les journalistes néoconservateurs considéraient, dès leur arrivée au pouvoir aux États-Unis, le 11 septembre 2001, que le président du Venezuela de l’époque, Hugo Chávez, devait être abattu. Depuis cette date, le Venezuela affronte des tentatives de coups d’État militaires et de révolutions colorées.
L’actuel président, Nicolás Maduro, s’inscrit dans la ligne politique d’Hugo Chávez, même s’il n’en a pas la carrure. En 2019, le secrétaire d’État du président Trump, Mike Pompeo, a chargé le straussien Elliott Abrams de renverser le président Maduro.
Elliott Abrams, qui avait déjà participé aux massacres au Guatemala dans les années 80, puis à l’affaire Iran-Contras (pour laquelle il fut condamné aux États-Unis) et au coup d’État de 2002 contre le président Chávez, est aujourd’hui l’homme qui, en Israël, pilote le nettoyage ethnique de Gaza derrière Benyamin Netanyahou. Pour ce qui est du Venezuela, Abrams s’appuya sur un jeune député, Juan Guaidó. Il le fit élire, par quelques députés, président de l’Assemblée nationale, récuser l’élection de Maduro et s’autoproclamer président par intérim.
Après avoir été reconnu par les Occidentaux, avoir pillé les avoirs du pays à l’étranger, et avoir organisé d’infructueuses tentatives de coups d’État et de guérillas, Juan Guaidó se retira en 2023, au profit d’un homme de paille, qui céda lui-même la place à María Corina Machado. Il vit aujourd’hui en exil à Miami.
Quant au plan d’Eliott Abrams, il fut stoppé par le président Donald Trump juste avant que l’opération militaire ne soit lancée par le SouthCom.
María Corina Machado participa au coup d’État contre le président Hugo Chávez, en 2005. Elle fut candidate libérale contre lui, en 2012. Elle préconisait alors la privatisation des ressources naturelles, notamment du pétrole. Elle a qualifié le président Chávez de « voleur » pour avoir procédé à des expropriations indemnisées. Elle fut destituée de son mandat parlementaire, en 2014, car elle avait accepté d’être nommée par le président panaméen Martín Torrijos, ambassadrice à l’Organisation des États américains (OEA).
En 2005, alors que son parti était financé par la National Endowment for Democracy (NED), elle a été reçue par le président états-unien George W. Bush dans le Bureau ovale. En 2014, elle fut l’une des principales figures de La Salida, une campagne visant à renverser le président Nicolás Maduro. En 2015, elle espérait être placée au pouvoir par l’armée des États-Unis lors de l’« opération Jéricho ». En 2020, elle signe la Charte de Madrid qui rassemble des nostalgiques des dictatures latino-américaines et décrit les gouvernements de gauche latino-américains comme des affidés du communisme cubain. Elle a été condamnée à une interdiction de se présenter aux élections, sur la base de ses courriels qui attestaient de la préparation d’un coup d’État.
Ne pouvant se présenter, elle désigne la philosophe Corina Yoris (80 ans) pour la remplacer. Mais sa candidature ne prend pas. Elle désigne en définitive Edmundo González, un ancien diplomate. Si María Corina Machado se déclare pour le « capitalisme populaire » de Margaret Thatcher, González veille à prendre ses distances avec le président argentin, le pseudo-libertarien Javier Milei.
[...]
Cette décision a été révélée lors d’une conférence de presse, où Kennedy a critiqué le Parti démocrate, citant des préoccupations concernant la liberté d’expression et la guerre en Ukraine comme raisons de son soutien à Trump.
Kennedy a précisé que son nom resterait sur les bulletins de vote dans de nombreux États, mais qu’il se retirerait des bulletins dans environ dix États clés où sa candidature pourrait influencer le résultat. Il a également noté qu’il n’avait plus de « chemin réaliste vers la victoire » en raison de ce qu’il appelle une « censure systématique » dans le paysage politique américain.
Sa décision a été accueillie avec des réactions mitigées de la part de certains membres de sa famille, qui ont exprimé leur désaccord avec son choix de soutenir Trump. Mais Kennedy ne s’en est pas laissé compter et a expliqué dans un discours émouvant les raisons de sa décision, prise après une longue prière et un recueillement intérieur.
00:00 – 200e bulletin STRATPOL ! :
• Géopolitique profonde
• Réfugiés anthropologiques en Russie
• Émigrer avec Thomasovitch
• Alain Delon en Russie
• Il y a 110 ans, le jour noir de l’armée française
06:05 – Économie :
• L’Allemagne ne paiera plus
• Esclaves ukrainiens en Europe
• Pas de sanctions pour les Kazakhs
• Effondrement des échanges UE-Russie
• LNG pour tous
• Huawei vs Washington
• Raffineries hongroises : Kiev se soumet
14:09 – Politico-diplomatique :
• Moscou ne négocie plus
• Rapprochement Poutine-Aliev
• Li Qiang à Moscou
18:05 – Empire du mensonge :
• Des néonazis en Ukraine ?
20:45 – Terrorisme :
• Ukrobolchevisme
• Pillage bandériste
• Assassinat de Daria Douguina
24:18 – Armement :
• Abrams + blindage réactif
• Trahison polonaise
• T-80 : la révélation !
29:00 – Considérations militaires générales
• Pokrovsk : enjeu stratégique
• Koursk : coup foireux de la CIA ?
• Général Kempf : Clausewitz de la semaine
38:46 – Carte des opérations militaires
• Zelensky fait tampon
Nous connaissons tous ce sentiment : maintenant, nous avons élu nos «représentants», mais nous n’avons pas de réelle influence sur les événements. «Ils» font ce qu’ils veulent, que nous applaudissions dans les gradins ou que nous émettions un «bouh» désapprobateur. À quoi sert alors la façade d’un gouvernement populaire ? Rainer Mausfeld considère la démocratie représentative comme un moyen de prévention des révolutions. Elle sert à faire avancer le processus de notre privation de droits quasiment avec notre consentement. La croix, que nous traçons le jour du vote, n’est donc pas un symbole du pouvoir du citoyen en tant que souverain d’une démocratie ; au contraire, l’acte de voter confie le pouvoir à des «représentants», de sorte que ce dernier s’éloigne aussitôt du peuple. L’histoire de la démocratie est aussi l’histoire de tentatives de plus en plus imaginatives pour empêcher les élites d’être influencées par une majorité supposée incompétente.
En transposant une conception précapitaliste de la liberté à des rapports de force capitalistes inédits, pour lesquels cette conception de la liberté était pour ainsi dire aveugle aux limites, le libéralisme a pu se transformer en «démocratie libérale», c’est-à-dire en une forme de démocratie qui exclut le domaine de l’économie du contrôle démocratique et libère ainsi le pouvoir capitaliste de tout contrôle et de toute limitation extra-économiques.
Ce faisant, l’idée directrice traditionnelle de la démocratie en tant que socialisation radicale de la domination est remplacée par une expression inédite de la démocratie qui raccourcit à l’extrême le concept initial et va à l’encontre des intentions qui lui étaient initialement associées, à savoir un garde-fou civilisationnel contre un pouvoir du plus fort. Plus encore :
«La caractéristique de l’approche de la démocratie libérale vis-à-vis de cette nouvelle sphère de pouvoir n’est pas de la contrôler, mais de la libérer».
La «démocratie libérale» est une démocratie extrêmement limitée, car l’influence du peuple est étroitement limitée par la Constitution et les domaines centraux de la société sont soustraits à toute volonté et organisation démocratiques.
Le libéralisme a redéfini le sens de la «démocratie» comme étant la garantie de «zones d’autonomie privée sans État» pour les citoyens propriétaires et la mise à disposition d’élections libres de représentants d’intérêts politiques issus d’un éventail d’élites prédéfini. Comme le fait remarquer l’historienne sociale Ellen Meiksins Wood, «la démocratie a été récupérée par le libéralisme».
Cette réduction, ce vidage et cette distorsion du concept de démocratie sous l’influence du libéralisme et du capitalisme ont été si profondément ancrés dans la pensée collective qu’aujourd’hui, le mot «démocratie» est presque exclusivement associé aux libertés civiles telles que la protection de la vie privée et de la propriété privée, la liberté d’expression, la liberté de la presse et de réunion, la protection et la reconnaissance des groupes sociaux particuliers, en particulier ceux qui font l’objet de discriminations, et ainsi de suite. Par conséquent, l’expression «démocratie libérale» apparaît aujourd’hui à la plupart presque comme un pléonasme, alors qu’elle est de facto une contradiction dans les termes.
Le mépris des masses – les élections dans le libéralisme
L’idée d’une souveraineté populaire est profondément étrangère au libéralisme, qui se caractérise depuis ses origines historiques par un profond mépris pour le peuple. L’élitisme et le darwinisme social sont inhérents au libéralisme.
«La souveraineté de l’individu libéral, marquée par l’idée de sélection et fondée sur l’élite, constitue donc en réalité une opposition à la «souveraineté du peuple» radicalement démocratique».
Cette position antidémocratique était déjà exprimée par John Stuart Mill (1806-1873), économiste national, réformateur social, partisan d’une éthique de l’utilité et l’un des penseurs libéraux les plus influents du XIXe siècle :
«Jamais un gouvernement n’a été ou n’a pu être élevé au-dessus de la médiocrité par une démocratie ou une aristocratie nombreuse, dans ses actions politiques ou dans les opinions, les qualités et l’état d’esprit qu’elles nourrissent, à moins que les nombreux gouvernants – comme ils l’ont toujours fait dans leurs meilleurs moments – ne se laissent guider par les conseils et l’influence d’un ou de quelques-uns plus doués et plus instruits».
Au sens du libéralisme, le citoyen est le propriétaire de biens, les non-propriétaires restant exclus des droits civiques. Seul celui qui est économiquement indépendant peut se permettre de porter un jugement indépendant. Seul le propriétaire dispose du loisir et de l’éducation nécessaires pour comprendre le contexte social, ce qui lui permet d’exercer des droits politiques. C’est pourquoi les premières constitutions libérales limitaient le droit de vote à ceux qui possédaient, ou plus précisément à l’homme blanc qui possédait. Par conséquent, le libéralisme favorisait le suffrage censitaire traditionnel, dans lequel le droit de vote, le poids électoral et l’accès aux fonctions politiques étaient liés à la possession de biens.
Le libéralisme européen du XIXe siècle se caractérisait également par une attitude hostile au suffrage universel.
Le libéralisme a toujours eu pour objectif de protéger une classe de personnes instruites et possédantes contre les exigences d’une politique déterminée par la «médiocrité du grand nombre».
Dans le libéralisme traditionnel, la propriété et l’éducation s’allient contre l’ennemi commun d’une démocratie égalitaire.
«En fait, le libéralisme a essentiellement servi les intérêts d’une classe de privilégiés néo-féodale».
Au cœur du libéralisme se trouvait donc toujours un ressentiment antidémocratique déterminé. Il a hérité de l’Antiquité la «misodemia», la haine de la démocratie, ainsi que le mépris des masses qui en découle, et l’a associée à un élitisme de l’éducation et de la propriété, qui cherchait à justifier les prétentions au pouvoir sur la base des performances individuelles. Avec le passage du féodalisme au capitalisme, les titres de domination traditionnels tels que l’ascendance, la richesse héritée ou les références à des constellations de domination de fait ont été de plus en plus remplacés par des titres de domination découlant de critères de «performances» individuelles. Cela a donné naissance à une nouvelle idéologie, la méritocratie, selon laquelle ceux qui ont acquis un mérite par des réalisations sont légitimés à exercer le pouvoir.
Dans le capitalisme, le mérite individuel consiste notamment à se procurer les moyens d’accumuler du capital. L’idéologie capitaliste de la «méritocratie» suggère que la position sociale de chacun est déterminée par le talent et le mérite et que, dans ce sens, la société est juste. Dans une démocratie libérale, selon l’idéologie méritocratique, chaque membre de la société occupe la position sociale qu’il mérite ; les riches ont mérité leur richesse et leur position sociale par leur talent et les pauvres sont pauvres à juste titre pour la même raison. L’idéologie méritocratique contribue à masquer le fait qu’il existe une relation sociale entre les deux.
Ce n’est qu’au XXe siècle que le mouvement ouvrier a imposé le suffrage universel et égal à grande échelle. Il existe une tension fondamentale avec l’idéologie méritocratique. Le libéralisme n’a pu accepter l’universalisation de sa conception particulariste de la liberté, adaptée aux besoins de la bourgeoisie, et donc le suffrage universel, que dans la mesure où il pouvait garantir, par d’autres mécanismes, que l’influence politique du peuple était maintenue dans des limites très étroites.
De tout temps, les élites au pouvoir ont eu tendance à compenser et à neutraliser en quelque sorte une perte de pouvoir résultant de conquêtes émancipatrices socialement acquises, en créant des mécanismes juridiques et institutionnels appropriés.
De l’Antiquité à nos jours, en passant par la naissance de la Constitution américaine, une telle régularité historique de la dynamique de stabilisation du pouvoir peut être mise en évidence. Elle est même constitutive du libéralisme. Pour stabiliser et étendre l’influence politique de la classe possédante, il a développé un large éventail de mécanismes abstraits et donc largement invisibles pour le public, qui vont entre autres du droit fiscal aux mécanismes constitutionnels en passant par la privatisation des médias.
La démocratie représentative comme prophylaxie de la révolution
Le principal mécanisme constitutionnel qui permet de limiter très efficacement l’influence politique du peuple est le concept de «démocratie représentative». Ce terme a été introduit pour la première fois en 1777 par Alexander Hamilton, l’un des pères de la Constitution américaine. Le principe de la représentation parlementaire visait à créer un mécanisme de rassemblement des volontés pour l’exercice du pouvoir social, en combinant deux objectifs.
D’une part, il s’agissait de satisfaire le besoin du peuple de se gouverner lui-même. Dans le même temps, un tel mécanisme de représentation était perçu, selon les termes de l’historienne sociale américaine Ellen Meiksins Wood, «comme un moyen de tenir le peuple à l’écart de la politique» et de «maintenir au pouvoir une oligarchie possédante avec le soutien de la masse de la population par le biais des élections». Cela nécessitait une «redéfinition de la démocratie» qui devait masquer la forme réelle d’une oligarchie électorale d’élite.
L’objectif stratégique d’une telle redéfinition était en fait évident dès le départ. Par exemple, dès 1786, le juriste de Halle Christian Daniel Voss (1761-1820) expliquait que le néologisme «démocratie représentative» contenait une contradiction en soi et que cette expression devait donc être classée parmi les mots dépourvus de sens12. «Rien n’est plus étrange, constatait Voss, que de croire qu’un peuple qui élit les personnes physiques de son gouvernement, en totalité ou pour une ou quelques branches du gouvernement, se gouverne lui-même». Au contraire, en élisant des représentants, les électeurs «admettent (implicitement) un contrat de soumission totale».
«Une fois que les électeurs ont choisi leur représentant, c’est-à-dire qu’ils se sont soumis, ils n’ont plus aucune part au gouvernement, seule la tromperie et l’illusion peuvent entretenir l’idée que le citoyen qui a donné son vote pour l’élection d’un représentant dans le corps législatif, donne aussi par lui son vote pour l’élection des lois, se donne à lui-même ses lois, impose ses contraintes, et ainsi de suite. Car ce vote n’était rien d’autre, à proprement parler, que son consentement au contrat de soumission que les électeurs passaient avec l’élu».
De plus, «le représentant se fait le plus souvent élire lui-même, c’est-à-dire qu’il détermine par sa puissance d’esprit les volontés des électeurs à se soumettre à la sienne parmi plusieurs concurrents».
Dès l’invention de la «démocratie représentative», il était donc clair que cette idée n’était rien de plus qu’un substitut rhétorique de la démocratie, destiné à neutraliser les besoins émancipateurs d’autodétermination. Néanmoins, ce terme a également déployé une grande force de suggestion auprès des personnes soumises au pouvoir, ce qui a permis à cette idée d’entamer sa marche triomphale dans le monde.
«Nous nous sommes tellement habitués à la formule de la «démocratie représentative» que nous oublions le plus souvent que cette idée américaine était une nouveauté. Dans sa forme fédéraliste, elle signifiait en tout cas que ce qui était jusqu’alors conçu comme l’antithèse de l’autodétermination démocratique était désormais non seulement compatible avec la démocratie, mais constitutif de celle-ci : non pas l’exercice du pouvoir politique, mais le fait d’y renoncer, de le transférer à d’autres, c’est-à-dire de s’en aliéner».
L’idée de démocratie représentative a donc servi dès le départ à repousser la démocratie. C’est pourquoi cette conception de la démocratie des pères fondateurs américains était également caractérisée par un suffrage censitaire. Au XIXe siècle, les démocraties représentatives privilégiaient encore tout naturellement les citoyens possédants.
La démocratie libérale, née comme forme de domination de la bourgeoisie éduquée et possédante, et qui a d’abord tenu la majorité de la population à l’écart de l’influence politique par le biais du suffrage censitaire, a pu intégrer sans risque le suffrage universel sur la base d’une «démocratie représentative». Comme le montre Wood, cela s’explique aussi essentiellement par le fait que «la structure sociale du capitalisme modifie la signification de la citoyenneté, car l’universalité des droits politiques – en particulier le suffrage universel des adultes – laisse intacts les rapports de propriété et le pouvoir d’appropriation sous une forme inconnue jusqu’alors.
Le capitalisme permet une forme de démocratie dans laquelle l’égalité formelle des droits politiques n’a qu’un impact minimal sur les inégalités ou les rapports de domination et d’exploitation dans d’autres domaines». Dans les structures oligarchiques, comme celles qu’incarne une démocratie d’élite, les élections ne sont pas l’expression d’une socialisation de la domination, mais un instrument de protection de la domination particulièrement adapté pour neutraliser les besoins de changement et les orienter dans la direction souhaitée.
Les élites au pouvoir, malgré leur méfiance fondamentale à l’égard du peuple, font donc volontiers usage des élections pour exploiter la fonction de pacification sociale qui leur est associée.
La stratégie consistant à faire des concessions démocratiques de façade aux mouvements émancipateurs tout en les «désamorçant» par d’autres moyens s’est révélée extrêmement efficace jusqu’à présent. Comme le concept de démocratie, en tant que socialisation radicale de la domination, est chargé de grandes promesses émancipatrices, il peut être utilisé psychologiquement de manière très efficace comme instrument de domination par une redéfinition appropriée.
Cette redéfinition doit être telle qu’elle donne l’impression d’une autodétermination politique, mais qu’elle déplace en même temps la signification initiale du terme «démocratie» d’une manière à peine perceptible pour le public, de sorte que la «démocratie» ne signifie justement plus une autodétermination politique du peuple, mais une détermination étrangère par des élites politico-économiques.
C’est exactement ce que fait l’idée de «démocratie représentative». Elle suggère en effet que le besoin de liberté des personnes soumises au pouvoir a été pris en compte et que les rapports sociaux existants sont précisément l’expression de la volonté du peuple. Il est difficile d’imaginer une forme plus efficace de prophylaxie de la révolution que l’illusion de l’autodétermination politique.
Sainte-Camelle (Ariège)
Une fois la bruine dissipée, ils sont arrivés au compte-gouttes. En van, à pied, en train… Près de 600 festivaliers ont peu à peu investi l’écovillage de Sainte-Camelle, dans l’Ariège, et ses vallons peuplés de moutons. Du 21 au 25 août s’y déroule le Festival Oasis, le grand rassemblement annuel des écolieux — ces espaces où l’on essaie d’inventer un monde alternatif.
Environ 1 400 de ces hameaux, villages, habitats partagés... rassemblant plus de 12 000 personnes sont répartis dans toute la France. Réunis au sein de la coopérative Oasis, qui organise le festival, l’écrasante majorité d’entre eux, 95 % selon la coopérative, ont investi des territoires ruraux. Soit des zones submergées par une vague brune lors des derniers rendez-vous électoraux.
Surpris par la déferlante du Rassemblement national, ces écolieux n’échappent pas à l’atmosphère politique. Alors pour cette édition, l’envie de politiser un peu plus le mouvement figure au menu. « Au-delà d’être le grand rassemblement annuel des écovillages français, ce festival a un petit goût d’université d’été, plus politisée, car évidemment, vivre en écolieu est éminemment politique », assure Nora Guelton, responsable de la communication de la coopérative. « 1 400 écolieux, c’est 1 400 singularités, mais aussi un ensemble prometteur qui incarne des utopies concrètes », s’amuse Patrick Viveret, philosophe, qui a participé à la table ronde inaugurale du 21 août consacrée aux effets des écolieux sur la société.
Nouvelle façon de vivre
C’est entendu, les Oasis inventent une nouvelle façon de vivre, plus écologique, plus joyeuse, un peu en marge mais pleine d’allant. Économie, inclusivité, mobilités, gouvernance, mutualisation... Ces sujets vibrent au cœur du quotidien de leurs habitants. Car ces lieux ont l’ambition de s’extraire des pouvoirs centralisés de la France jacobine tout en cherchant à créer des organisations humaines où le pouvoir est remis au pot, ou plus exactement mieux partagé. Ces archipels où l’on vit plus sobrement (voir encadré) incarnent à merveille ce « vivre-ensemble » que les partis politiques érigent en modèle sans réussir à rabibocher la société, sauf, peut-être, pendant les Jeux olympiques.
Loin d’être repliés sur eux-mêmes, en vase clos, dans le doux périmètre de leur domaine, les habitants de ces espaces s’engagent dans leur territoire, créent d’innombrables initiatives citoyennes qui tricotent le lien social (tiers-lieu, fêtes...). C’est le cas — entre autres — de l’oasis Du Coq à l’âme, un lieu gigantesque de 26 hectares en Charente, qui réunit vingt foyers (environ trente adultes et quinze enfants). Il a reçu un accueil plutôt favorable de la part des élus et de la population. Il faut dire qu’il se consacre à réinvestir 7 000 m2 de bâti et veut s’inscrire durablement dans la transformation de son territoire.
L’importance d’occuper l’espace politique
« Nous entrons dans bon nombre de dispositifs existants : fabrique des territoires, petites villes de demain, écoquartier, ferme pédagogique… Nous souhaitons faire de l’accueil, tenir un café associatif, monter un repair café, un fablab… » déroule Danièle Bacheré, l’instigatrice du Coq à l’âme. L’autre particularité de ce lieu est de s’être adossé à des chercheurs en sciences sociales, énergie, fertilité des sols, écoconstruction… et de devenir un laboratoire « pour de vrai ». « On intrigue, on intéresse et on nous demande d’apporter des forces vives, mais cela revient aussi, parfois, à devenir des prestataires au lieu de réfléchir avec les élus au devenir du territoire. »
Parler frontalement de politique s’apparente à une minirévolution pour ces lieux originellement tournés vers l’écologie, le bien-être ou le développement personnel. Pour Girl go green, aka Camille Chaudron, occuper l’espace politique est non négociable. Cette créatrice de contenus militante, forte de 128 000 abonnés, estime qu’il est temps de déplacer la fenêtre d’Overton du côté des alternatives comme les écolieux.
« C’est même de notre responsabilité, assure-t-elle, car en devenant plus inspirants, plus désirables, ces lieux attirent encore plus de monde. Les valeurs d’inclusivité, d’écologie y sont essentiels mais ils questionnent aussi notre rapport à l’argent, au temps ou au travail. » À la question : « Faut-il être désirable et instagrammable au risque de perdre sa radicalité ? » Elle répond mille fois oui car « à chaque fois que l’on touche des personnes non convaincues ou concernées, on attire encore plus de monde ».
Laboratoire d’un autre monde
Et puis, 1 400 lieux et 12 000 personnes, c’est loin d’être un raz de marée... « Au-delà de l’aspect concret de la vie en vert, ces espaces ont même une fonction cathartique et/ou soignante : ils prouvent qu’il reste de l’espace pour autre chose, de la couleur et de la beauté, du simple et du lent, du préservé », dit-elle à Reporterre. Les écolieux s’inscrivent peut-être moins dans les luttes et les résistances à des projets inutiles mais ils se positionnent aussi comme laboratoires d’un « autre monde possible ». Et pour certaines et certains comme bases arrière ou zones de repli.
« L’entrée en résistance » revient souvent dans la bouche des festivaliers. Et pour beaucoup, vivre dans ces « utopies concrètes » constitue déjà un acte de résistance. « Il y a de l’insoutenable, alors forcément, il y a de la résistance, balance Patrick Viveret en introduisant son trépied du REV taillé sur mesure pour les écolieux : « D’abord, R comme résistance créatrice, ces lieux inventent une façon d’être en résistance et pas forcément uniquement en révolte. E comme expérimentation anticipatrice, car on y essaie d’autres façons de faire qui aideront peut-être à mieux traverser les crises. Le V apporte la vision transformatrice tant utile à l’invention d’alternatives. » Et de pointer que l’émergence de noms tels que ceux de Lucie Castets, Huguette Bello ou Laurence Tubiana au sein du Nouveau Front populaire s’apparente déjà à une innovation démocratique : l’élection sans candidat, une forme prisée de désignation des personnes-ressources dans les oasis. « Ces femmes n’étaient candidates à rien mais leurs noms ont émergé. C’est nouveau et cela mérite d’être multiplié. »
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Des experts mandatés par le président suisse suggèrent que le pays devrait revoir sa politique de neutralité. Le gouvernement suisse pourrait réviser sa politique de sécurité en intensifiant la coopération militaire avec l’OTAN, ce qui représente un ajustement significatif de sa politique de neutralité de longue date, a rapporté dimanche le média Blick, citant un projet de document qu’il a examiné.
« L’OTAN restera le garant de la sécurité de l’Europe dans un avenir prévisible. C’est la référence pour les armées occidentales modernes et définit les normes de la technologie militaire occidentale », indique le rapport.
La Suisse maintient une « neutralité permanente » conformément à sa constitution. Ses obligations comprennent l’abstention de « s’engager dans des guerres », l’interdiction des expéditions d’armes vers les zones de guerre à partir de ou à travers son territoire et la fourniture de troupes mercenaires aux pays impliqués dans des conflits armés, ainsi que la garantie de sa propre défense.
Bien que la commission n’ait pas recommandé l’adhésion au bloc, elle a suggéré de signer des « accords secrets » pour couvrir « les menaces de missiles à longue portée, de cyberguerre étendue contre les États européens ou de violations de l’espace aérien ». Le rapport indique également que la Suisse devrait se préparer « sérieusement » à la défense collective, y compris en participant à des exercices de l’OTAN. Le quotidien a noté que cela contredit la neutralité suisse.
Les experts ont également appelé la Suisse à revoir la loi fédérale sur le matériel de guerre, qui interdit la livraison directe de chars suisses à l’Ukraine. Le document note que cette politique « provoque de la confusion et de la frustration au sein de l’UE et de l’OTAN ».
En conclusion, les experts ont recommandé que la politique de neutralité soit révisée pour permettre au pays de « formuler sa position sur d’éventuels conflits (Chine-Taïwan, Russie-OTAN) en temps opportun et d’anticiper d’éventuelles demandes ».
Blick a noté que la gauche et l’UDC sont susceptibles de s’opposer à la nouvelle stratégie et feront tout pour empêcher « plus d’OTAN, plus d’UE et moins de neutralité ».
La neutralité suisse a été remise en question par la Russie ; Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé Berne de devenir « ouvertement hostile » à Moscou, car elle a soutenu les sanctions occidentales contre la Russie et a gelé des milliards d’avoirs russes.
Selon un sondage publié en mars, environ 91% de la population suisse estime que le pays devrait rester neutre.