Et quoi de mieux, pour se rassurer et s’autocongratuler avec une gourmandise un peu obscène que de s’attribuer goulûment d’excellentes notes et des indicateurs économiques rutilants ? C’est en tout cas l’impression, pardon, le ressenti qu’on peut dégager lorsqu’on prend connaissance au travers d’un article des Echos d’un nouvel indicateur de richesse, pondu par l’inénarrable INSEE et qui vise à corriger le décalage entre la progression du produit intérieur brut et celle du niveau de vie, “en valorisant la dimension monétaire du bien-être national à partir d’informations sur la diffusion de la croissance au sein de la population et des données d’enquêtes relatives à la satisfaction dans la vie des ménages”.
Bien-être national, diffusion de la croissance, richesse ressentie, snif, snif, pas de doute, ça sent un peu le foutage de gueule.
Et lorsqu’on découvre qu’avec l’introduction de ce nouvel indicateur bidulotronesque, la France passe alors au top niveau mondial, le doute n’est plus permis. En substance, en triturant habilement certaines statistiques et en introduisant du “niveau moyen de satisfaction” (imaginez la précision diabolique du concept), on parvient à montrer que les Français n’ont certes ni pétrole, ni idées, mais qu’ils sont assez benoîtement contents de leur situation.
Voilà qui est d’autant plus réjouissant que tout ceci est calibré sur le PIB, c’est-à-dire un indicateur lui-même réputé pour être d’une fiabilité douteuse surtout que des petits malins y ont précédemment introduit la coke et les putes le trafic de drogues et la prostitution, estimant sans doute dommage de ne pas intégrer la richesse générée par ces marchés juteux et qui permettront probablement à des pays comme la Colombie ou l’Ukraine de tenir un rang envié dans le concert des nations…
Ce bricolage grotesque, qui mobilise quelques statisticiens au sein de l’INSEE et doit consterner un paquet d’économistes sérieux, permet néanmoins en réhaussant ainsi l’image générale du pays de justifier un peu tous les interventionnismes de l’État qui se traduiront par de nouveaux prélèvements obligatoires, actuellement au-dessus de 48% du PIB (soit 120% en prélèvements ressentis ou pas loin).