Dans un précédent article intitulé « A quoi servent les gesticulations bellicistes et élucubrations guerrières de Macron ?« , après avoir souligné que l’armée française ne disposait pas de moyens humains et militaires pour mener une offensive militaire de haute intensité contre la Russie, encore moins de légitimité juridique internationale, j’avais conclu mon analyse par ces mots : «En réalité, Poutine est devenu le meilleur allié de Macron. Il lui sert de rempart pour mener sa guerre de classes contre le prolétariat français, d’épouvantail pour justifier et légitimer le durcissement autoritaire de la gouvernance. Pour assurer la transition militariste et fasciste de la France.»
Pendant que Macron fanfaronne en menaçant d’envoyer des troupes en Ukraine pour combattre le grand capital Russe, la France continue d’ouvrir grandement les frontières françaises aux entreprises russes, de faire du business avec la Russie. On se souvient que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait déclaré : «Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe», à travers les sanctions économiques occidentales. Si effondrement économique il y a eu, c’est celui de l’économie française.
Pour un ministre déterminé à torpiller l’économie de la Russie, il est étonnant d’apprendre de sources sûres qu’il autorise plusieurs entreprises à poursuivre leurs échanges commerciaux avec les entreprises russes. La bourgeoisie française n’en est pas à une hypocrisie près. N’en est pas à une imposture près.
Il en est ainsi des usines agrochimiques du groupe Boréalis, qui possède des sites de production en Autriche et en Allemagne, mais surtout trois usines en France : près de Rouen, près de Melun et en Alsace. Des milliers de tonnes d’ammoniac russe continuent de débarquer dans les usines françaises de Boréalis, notamment celle de Rouen. Pour rappel, la Russie est le premier exportateur mondial d’ammoniac, qui, curieusement, ne semble pas être soumis aux paquets de sanctions européennes. Car, selon les spécialistes, cette matière première constitue un enjeu important pour l’Europe, donc pour la France.
Dans un récent rapport, Greenpeace a révélé comment l’entreprise française Framatome, filiale d’EDF, et l’entreprise allemande Siemens Energy continuent leur business avec l’entreprise publique nucléaire russe Rosatom. «La France mène un lobby acharné au niveau européen afin de protéger les intérêts de la filière nucléaire et continuer son commerce nucléaire avec Rosatom», souligne Greenpeace.
Pendant que, sur le front diplomatique, Macron agite théâtralement la menace de la guerre contre la Russie, sur le front économique, le vrai nerf de la guerre, c’est-à-dire de la valorisation du capital, l’entreprise française Framatome, signe pacifiquement une joint-venture avec le géant russe Rosatom pour fabriquer, en Allemagne, du combustible nucléaire. Cette coopération entre les deux géants soulève indignation et protestation en Allemagne. En effet, l’accord conclu entre le français Framatome et le russe Rosatom alimente la controverse en Allemagne, où est installée l’usine dans laquelle Framatome assemblera, sous licence russe, le combustible destiné à alimenter les réacteurs nucléaires. Des milliers d’opposants allemands ont manifesté leur colère contre cette coopération franco-russe, vécue comme une trahison, voire un poignard planté dans le dos de l’Allemagne par la France.
Outre les secteurs agrochimiques et nucléaires, la France et la Russie poursuivent leur idylle économique dans le domaine du vin, en particulier celui des grands crus. D’après des documents douaniers exclusifs publiés par le site économique Challenges, le 16 mars 2024, de grands crus de Bourgogne ont été livrés au cours des années 2022 et 2023 à Moscou, en contournant l’embargo européen. En matière économique, le credo du régime de Macron est : qu’importe le flacon (l’État, pseudo-démocratique ou dictatorial), pourvu qu’on ait l’ivresse (de l’argent) !