Je dois avouer que cela m’avait échappé. En février dernier, je n’avais pas imaginé non plus qu’une telle fraction du monde basculerait si rapidement dans une nouvelle ère, ni que les principes de cette nouvelle ère seraient si clairement définis.
Je ne m’attendais non plus à voir renaître ce bon vieux et regretté Mouvement des pays non alignés [Non Aligned Movement, NAM/MNA en fr.] après tant d’années de traversée du désert géopolitique post-guerre froide. Non, pas avec une déclaration comme celle que le MNA a faite d’emblée à Bandung, cette station de montagne indonésienne où Sukarno avait reçu ses membres en 1955, ou à Belgrade sous Tito six ans plus tard, lorsque le mouvement s’est officiellement constitué en organisation, mais dans son esprit, celui dont les nations non-occidentales se réclament aujourd’hui.
Voyons un peu : ce rassemblement de tant de pays non-occidentaux en faveur des principes et des revendications formulées pour la première fois par le MNA – disparu mais pas oublié – constitueront dans les années à venir le revirement le plus significatif et déterminant de la politique mondiale.