En l’espace d’une semaine, comme beaucoup, j’ai vécu des heures inquiètes à faire le pied de grue devant un palais de justice en espérant des sorties de garde à vue, l’effroi devant la violence des forces de l’ordre, les témoignages glaçants de Sainte-Soline, les mensonges du gouvernement, les tentatives de diversion par menaces de dissolution et les vaguelettes d’un Plan eau ballottant à la surface, ignorant des profondeurs, flottant sans grâce aucune.
Quand tous les recours ont été épuisés, quand les scientifiques ne sont pas écoutés, quand nos jeunes se font arrêter, quand les camarades se font mutiler, quand la loi n’est plus respectée par les représentants de l’État, quand on ordonne aux services d’urgence de trier entre les blessés, il serait criminel de rester les bras croisés. Mais nous nous épuisons. Je vois mes amies, mes proches, toutes et tous abasourdis, épuisés, moroses, inquiets, même les plus aguerris. Il me semble qu’un cap a encore été franchi. Moi-même je reste sidérée devant les images de mutilés, ne sachant plus comment contrer la mauvaise foi, les manipulations et les mensonges éhontés, ayant le sentiment d’avoir répété les mêmes choses mille fois, vidée de toute énergie.