Une étude de l’université de Princeton menée par Gilens et Page a effectué une analyse de régression sur plus d’un millier de décisions de politique publique, et a déterminé que l’effet de l’opinion publique sur la politique publique est nul. C’est exact, nul. La façon dont vous votez n’a pas d’importance, elle n’affecte pas le résultat de façon mesurable. Par extension, cela vaut également pour les manifestations, l’organisation, le fait de s’asperger d’essence et de s’immoler par le feu sur les marches du Sénat américain, ou toute autre activité que vous pourriez entreprendre. Cela n’influencera en rien les détenteurs du pouvoir.
Mon billet précédent a donné lieu à plusieurs versions de la même question : Mais qui est vraiment aux commandes ? Qui sont les marionnettistes ? Ce billet a été publié pour la première fois le mardi 13 mai 2014 sur https://cluborlov.blogspot.com. Il devrait répondre à cette question. Les marionnettistes ne sont pas des humains mais des sacs d’argent.
Voici le graphique qui illustre cette relation : le soutien du public à une question donnée peut varier de 0 % à 100 % ; la probabilité que la politique publique suive reste bloquée à 30 %. Peu importe que vous votiez ou non, vous gaspillez votre vote de toute façon. Ou, si cela vous rassure, il est gaspillé pour vous.
Et qui sont les personnes au pouvoir ? Ce sont les oligarques, bien sûr, ceux qui possèdent à peu près tout, y compris votre bonne personne. Gilens et Page ont déterminé que les opinions de l’élite économique et des groupes d’entreprises ont un effet profond sur les politiques publiques. Si ce groupe est fermement opposé à une politique, celle-ci ne sera pas adoptée : 0 % de soutien de la part de ce groupe signifie qu’il n’y a aucune chance que la politique soit adoptée. En revanche, si ce groupe soutient une politique à 100 %, les chances qu’elle soit adoptée montent en flèche, jusqu’à 70 %. En résumé, si le fait de voter pour ou contre une question n’a pas la moindre importance, le fait de consacrer beaucoup d’argent à l’un ou l’autre côté d’une question en a beaucoup. Les partis politiques, les campagnes, les élections et toutes ces absurdités ne sont qu’un spectacle. Le véritable pouvoir réside ailleurs.
Alors, que faites-vous lorsque, le jour des élections, vous entrez fièrement dans l’isoloir et tirez sur un levier ou touchez l’écran tactile d’une machine à voter ? Vous ne prenez certainement pas de décision, cela a déjà été prouvé. Mais vous faites tout de même quelque chose : vous votez pour soutenir vos propriétaires, ceux qui prennent les décisions de politique publique en votre nom. Si vous votez, c’est que vous approuvez ce qu’ils font.
Et que font-ils ? Pour eux, la première chose à faire semble être de s’assurer que les riches continuent à s’enrichir tandis que les pauvres s’appauvrissent et que la classe moyenne soit… eh bien… renvoyée de sa classe. Si ce type de politique publique vous semble autodestructeur, c’est probablement parce qu’il l’est. Chaque fois qu’on la laisse suivre son cours, les résultats sont épouvantables – surtout pour les riches qui ont continué à s’enrichir, dont les cadavres finissent par festonner les lampadaires et dont le jet artériel ajoute une touche de couleur aux places de la ville.