Pourtant, la France a un incroyable vivier de talents, on le voit partout avec l’émergence, dans de mauvaises conditions, de champions hors normes. Mais ces talents se font tout seuls et sont généralement mal exploités. La faute à une politique sportive lamentable à l’école, qui est pourtant le lieu numéro un de la détection : tout le monde n’est pas bon en maths, il y en a qui sont meilleurs en basket, et ne nous faites pas dire ce qu’on n’a pas dit, genre les Noirs au ballon, les Blancs à l’équation.
Ceux qui pratiquent assidument un ou plusieurs sports savent la vétusté et la pauvreté des infrastructures nationales. Or, la jeunesse a besoin de se dépenser, de développer son corps, de se sentir bien dedans, et le sport contribue à cela mentalement et physiquement, pas besoin d’un dessin ou d’une démonstration. Malgré cette déficience structurelle, des talents naturels traversent le plafond et émergent médiatiquement.
Le cas des frères Lebrun est exemplaire : c’est le père, pongiste lui-même, qui les a formés, eux et leurs sœurs, sur le modèle des filles Polgar. Si c’est possible à l’échelon familial, ça le serait d’autant plus à l’échelon scolaire.
Oui mais voilà, les tables sont rares en ville ou à la campagne, à moins de s’en acheter une et d’avoir la place. Même topo pour les nageurs : hors scolaire, c’est cher, et minable. Les pistoches de 25 mètres sont prises d’assaut par des assoces dont les membres payent cher à l’année. Là encore, si vous avez une piscine individuelle ou un lac à côté... Combien de talents sont perdus à cause du manque d’installations ? Idem pour le foot, malgré la poussée post-1998 qui a vu les inscriptions d’enfants exploser.
Et c’est pas avec la Macronie, qui ne rime pas avec service public et grands travaux, que ça va changer. La France est condamnée à des one shot, des stars d’un jour ou d’une saison, qui auront du mal à tenir face à des pays ultra organisés comme l’Australie ou les USA. L’idéal, ce serait 5 heures de cours le matin, 2 heures de sport l’après-midi, et pas 2 heures par semaine.
Allez, on arrête de chialer sur la situation, et on en arrive au paradoxe et à la politique : la France, ce pays – volontairement – fracturé par ses dirigeants politiques, qui a tant de mal avec les sports individuels (personne n’a repris la barre de Lavillenie, par exemple), cartonne en sports collectifs. On suit le foot, le volley, le basket, le hand et le rugby depuis des années, et on est franchement dans une Trente Glorieuses. Si l’équipe masculine de hand a loupé les demies pour un point et une couille à la fin, elle mérite le dernier carré ou la finale. Le rugby à 7, c’est l’or, les handballeuses, l’argent ; le foot, l’argent pour les hommes de Titi Henry ; et le volley, c’est double médaille d’or après Tokyo 2021. Pourtant, il y a encore 10 ou 15 ans, le volley français était écrasé par les Brésiliens, les Polonais, les Russes et autres Américains. La génération dorée saura-t-elle faire des petits ?